TEMOIGNAGE DE MARION (mars 2012)

Bonjour, je m’appelle Marion, et je suis anorexique boulimique. Témoigner de mon parcours, c’est pour moi, aujourd’hui, donner la possibilité à un anorexique boulimique qui souffre de pouvoir s’identifier. Ma première identification s’est faite par téléphone, un jour de Février 2007. Cette identification marque le début de la fin pour moi. Le début de la fin des crises, de la souffrance, et de mon ancien mode de vie. Je ne peux pas vraiment dire aujourd’hui de quoi était réellement fait mon quotidien avant ce jour de Février 2007.

Ce dont je me souviens, c’est de la restriction, d’un poids très faible, et des obsessions permanentes. Ces trois choses dont je ne pouvais me départir faisaient de ma vie un truc terrible.

Le reste est flou, extrêmement flou dans mon souvenir. Je ne pense pas pourtant avoir oublié tant de choses, mais de la brume autour de chacun de mes souvenirs m’empêche d’y voir clair dans mon passé.

Lors de ma première réunion ABA, un point a commencé à s’éclaircir ; pour la première fois, je me suis entendue dire : « Bonjour, je m’appelle Marion, et je suis anorexique ». C’était la première fois que je parlais de ma maladie devant des personnes qui m’écoutaient, sans jugement, sans s’effondrer, ou me prendre en pitié.

Je pourrais parler de soulagement mais je crois que, dans un instinct de survie, ou de sursis qui m’avait gagné quelques mois auparavant lors de ce fameux appel de Février, j’ai surtout ressenti que j’avais du pain sur la planche. Je voulais, moi aussi, dire un matin en me levant « Merci d’être en vie ».

La machine que j’étais devenue s’est alors mise en marche « sobriété ». Je n’ai plus jamais lâché le programme. Avec trois priorités en tête : en 1 : mon rétablissement, en 2 : mon rétablissement, et en 3 : mon rétablissement…

Dès Septembre, n’ayant pas de groupe ABA à proximité, je me suis rendue en réunion Alcooliques Anonymes toutes les semaines. En Février de l’année suivante, je décidai d’ouvrir mon groupe. En Mai, il était ouvert.

Ma vie est peu à peu devenue confortable, épanouissante et s’est remplie de réjouissances quotidiennes.
Aujourd’hui je pense d’abord à moi, et je vis bien avec les autres.
J’ai découvert ce qu’est l’amour. J’aime avec beaucoup de bienveillance la personne que je suis devenue, les personnes que je rencontre dans mon rétablissement, et profondément celles qui m’entourent.
Aujourd’hui rien n’est parfait, et je m’en satisfais.
J’essaie juste de garder en tête ce qui est le plus important pour moi.
Aujourd’hui, je viens d’ailleurs de fêter mes 5 ans de sobriété, un cadeau.
Chaque matin, j’avoue ma défaite totale, devant la nourriture et ma vie en général, et je dis, enfin, moi aussi : « Merci d’être en vie ».
Chaque semaine, je vais en réunion ABA et j’ai complété la manière de laquelle je me présente : « Bonsoir les amis, je m’appelle Marion, je suis anorexique boulimique et je vais bien ».
Quatre petits mots en plus qui font toute la différence.
Quatre petits mots qui me permettent de croire chaque jour de ma vie en ce programme plus fort que tout.

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